Nos récits

Bienvenue en Chine: à la poursuite du Dragon Noir

Elle pointait la Chine…Maude regardait au-delà de la frontière en espérant pouvoir obtenir le visa qui nous mènerait aux confins de l’Empire du Milieu…royaume des dragons tortueux, des pandas du Sichuan, du thé raffiné, de Confucius, des carpes tranquilles, de la douce pluie, de l’improbable muraille de Chine…Ça faisait bien plus de dix ans qu’on en rêvait…Il y avait tant à voir que même nos rêves et nos aspirations n’arrivaient point à combler la liste des endroits à visiter…On rêvait de millions de paysages, de canard laqué, de mer de nuages, de cérémonie de thé…On croyait bien pouvoir courir sur la Muraille de Chine…Vous y pensez, courir sur la muraille en s’époumonant à papoter au sujet du bonheur d’y être…

Conduit par nos projets qui n’en finissaient plus d’être rêvés, nous atteignîmes assez facilement la frontière avec notre visa en main…Ce visa dissimulant pâlement un tronçon de l’éternelle Muraille de Chine fut donc ajouté aux autres estampes, visas et poussières de notre passport. Ouvrir ce dernier afin d’y admirer les pages colorées devenait donc l’un de ces petits plaisirs à la Amélie Poulin…

...

Les douanes franchies, un policier nous attendait, matraque à la main…Nous étions itinérants, rien de réservé, rien de planifié, que des objectifs fixés. Il nous demanda où nous allions…Essayant tant bien que mal de lui dire dans un chinois-français-anglais que nous souhaitions nous rendre dans un petit village X, nous prîmes notre livre de traduction et lui pointa le mot 阳朔. Souriant alors spontanément, il nous donna un coup de main en nous escortant jusqu’au bureau ou l’on put alors acheter le billet de bus qui pouvait nous y amener…À ce moment, on se rendit compte à quel point les Chinois ne parlent pratiquement pas l’anglais. C’est de loin le pays le plus ‘difficile’ côté organisation. Tout est pratiquement en chinois, 93 % des gens rencontrés ne connaissaient qu’à peu près 9 mots anglais ! Notre livre de voyage avec petit dictionnaire fut alors indispensable…On communiquait en pointant le mot, ou lorsqu’on avait accès à Google Translate, on communiquait à l’aide de Google. Un jour, lorsque nous étions dans le pétrin, une riche Chinoise nous acheta notre billet de train à l’aide de sa carte de crédit, nous nous comprîmes sur ce fait qu’à l’aide de Google Translate…vous imaginez…

Extrait de…

P-A et Maude: ‘ nous ne pouvons pas acheter de billet de train sans carte de crédit chinoise’

我们不能没有信用卡购买火车票

Chinoise de la porte du Sud:  ‘ je vais acheter votre billet avec ma carte, ça fera 1100 yuans ‘

我会买一个1100元的火车票

P-A & Maude :’ nous te rembourserons en argent comptant le plus tôt possible’

我们会给你钱很快就

Chinoise de la porte du Sud: ‘je vous fais confiance’

我相信你

Fin de l’histoire….Tout ça à l’aide de Google Translate ! Pas eu de chance et de générosité à l’oeuvre, nous serions toujours au pied des montagnes jaunes à 1400 km de Pékin ou 3155 km de Pyongyang…!

Re-Fin de l’histoire.

Les Chinois rencontrés furent alors, tout le contraire de ce qu’on nous avait dépeint…Les Chinois étaient gentils, souriants, aidants, intéressants, intéressés…drôles et ouvertement amoureux…Et alors !

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Alors que nous franchissions Shenzhen, simple ville du sud de la Chine, l’image nous frappa tout droit en pleine inconscience…La Chine nous faisait penser à une sphère supernova toujours plus grosse et éclairée par des millions de lumières…La ville était plus ville que la plus ville des villes canadiennes…Des villes comme Los Angeles ou Toronto semblaient ‘anémiques’ devant Shenzhen…et pourtant, il ne s’agissait pas de Shanghai ou d’Hong Kong…mais de Shenzhen…simple ville chinoise…Celle-ci semblait être un gigantesque ‘mouvement’ en construction…Des restaurants chics, des hôtels propres, des entreprises ici et là à forte façade…On entrait ainsi dans un pays gigantesque dont l’introduction par Shenzhen devint un inattendu subjuguant.

Un autre choc fut lorsque nous entrâmes dans l’autobus…Les places étaient toutes des lits disposés en trois rangées de deux étages….Un chinois nous amena à l’arrière du bus où nous nous couchâmes dans ces lits trop petits pour nous…Nous fîmes ainsi 12 heures de route, recroquevillés telles des feuilles de thé oolong…

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Au terme de la Route, un chinois nous réveilla afin de nous avertir que nous étions rendus à destination…Il faisait nuit, il était 5 h 02 du matin…et rien n’indiquait que nous étions là où nous devions être…Nous dûmes patienter une vingtaine de minutes avant qu’un chinois d’une soixantaine d’années se pointe en tricycle à moteur. Pointant sa locomotion, nous comprîmes qu’il nous offrait ses services de taxi…Mais vous imaginez à quel point ce fut difficile de lui faire comprendre où nous devions aller…Il ne comprenait pas l’anglais, et sa vue ne lui permettait pas de voir les mots chinois indiquant le lieu de notre villa…Houlala ! L’IMPASSE ! C’est par dur labeur et par la phonétique appris sur le champ qu’il comprit le mot ‘Jiwodu’ prononcé ‘Tsewodoo’…Il fit un signe de tête..Ok…ok…ok….et nous partîmes en direction de la Villa Cachée du Dragon. On roulait dans le noir, sautillant dans les nids de poule…Le bruit du moteur ronronnait à travers le silence de la campagne. On avançait sans trop savoir où l’homme nous amenait…Quand tout à coup, le Dragon se dévoila dans sa majestuosité…

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On aurait dit un décor de film ou l’un de ces paysages de l’époque des Printemps et Automnes. Un retour à l’époque des sages hommes à la barbe blanche venant quérir le mystère du créateur des montagnes de Yangshuo. Des dizaines et des dizaines de pics surgissants de nulle part pointaient le firmament. Au loin, une tête de gnome, à gauche, un chapeau de sorcier, à droite, le dos du dragon noir enfoui dans l’éternité, plus loin, une forme disproportionnée à l’image d’une vague recourbée…derrière nous, l’image stupéfiante de ces montagnes secrètes nous entourant dans un espace-temps aux touches intemporelles….C’est dans ce paysage unique au monde que nous débutâmes notre voyage en Chine.

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L’homme nous laissa finalement devant la Villa du Dragon..Les portes étant fermées compte-tenu notre arrivée anticipée, nous prîmes le temps de nous assoir devant les étangs aux carpes. Petit à petit, le jour ajoutait ses couleurs aux tableaux sombres de cette nuit qui tirait à sa fin. Le paysage tranquille apparaissait alors dans toute sa splendeur…et ce…dans un silence merveilleux. À ce moment précis, nous tombâmes sous le charme de la Chine. Nous étions à Jiwodu, région unique au monde où les montagnes épousent des silhouettes aux courbes harmonieuses. Étant hors saison, nous étions seuls à séjourner dans la Villa du Dragon…On nous accueillit avec le thé et des biscuits…chaleureusement, on nous montra notre chambre orientale dont la vue donnait sur le paysage féérique…

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Les jours qui allaient suivre nous réservaient de belles aventures. Comme nous l’avions fait en Thaïlande et au Myanmar, nous décidâmes de découvrir la campagne chinoise à vélo. Nous traversâmes ainsi de magnifiques villages longeant des champs de canolas bien jaunes. On s’offrit aussi d’autres belles activités telle la descente du fleuve Li en radeau de bambou et cette pêche ancestrale à l’aide de cormorans (oiseaux)…Nous étions plutôt témoins du maître pêcheur…La nuit s’étant installée, nous allâmes pêcher en compagnie de 6 cormorans et du maître pêcheur. Les cormorans plongeaient dans la rivière et ramenaient les poissons dans le bac mis à disposition…Ne pouvant avaler leurs prises puisqu’ils avaient une corde leur serrant le cou (trop serré pour avaler certains poissons trop gros), ceux-ci recrachaient les poissons attrapés…Les cormorans ramenant le plus de poissons étaient alors récompensés par le maître pêcheur qui leur donnait ainsi de la nourriture…Ce moment passé sur le fleuve Li fut bien intéressant…

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La Chine nous réservait son lot d’expériences uniques…et ce qui nous attendait pour la suite du voyage nous paraissait plus régalant qu’un repas dans un resto 3 étoiles Michelin…Nous quittâmes alors Jiwodu, Yangshuo et Guilin en direction de l’Est…là-bas…des paysages encore plus grandioses nous attendaient…Là-bas, la Chine profonde nous réservait le meilleur du pays…En quête de la plante de l’immortalité, nous nous dirigeâmes vers les montagnes brumeuses…

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